La nuit a été très froide. Quand je dis froide, c’est vraiment très froide. A tel point que cela m’a réveillé en pleine nuit. J’ai du enfiler une paire de chaussette et me couvrir de…. ma couverture de sécurité. Je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse un froid aussi vif. Et au réveil quand je discute avec mon nouveau compagnon de route, il me confirme lui aussi n’a pas franchement eu très chaud. Malgré la fraîcheur ce camping au milieu d’une clairière de pins est agréable. De temps à autre, un lapin traverse les fourrés et vient se perdre entre les roues des caravanes. Caravanes et mobile homes très bien aménagés. Certains ne semblent pas supporter de partir en vacances sans leur salon, et il n’est donc pas surprenant de voir sous l’auvent de la caravane de ces vacanciers – en majorité tous des Hollandais – une télé massive, des meubles en rotins et des lampes de salon imposantes…
On rassemble les affaires et on se met en route. Première étape, Austerlitz. La carte indique « Pyramide ». Décidément Napoléon aimait tellement les pyramides qu’il en colla partout. La route qui y mène est sinueuse et boisée, on traverse un petit sentier, le soleil apparaît derrière les arbres, le ciel est bleu, un temps idéal pour rouler. A l’entrée du champ de bataille, quelques animations qui raconte un peu l’historique. Pour se rendre à la « Pyramide » il faut prendre un sentier sablonneux. On pousse donc les vélos sur quelques mètres.
la Pyramide est immense et impressionne. Dressée au milieu de la clairière, elle était – l’époque de notre passage – fermée au public pour rénovation. Par ailleurs, la Pyramide ne commémore pas la Bataille car elle fut construite… avant, en 1804, par le Général Marmont qui souhaitait donner un peu d’occupation à ses hommes dont le campement était à proximité et elle permettait d’observer l’ennemi… et que la bataille d’Austerlitz a eu lieu….. en République Tchèque. En 1805, pour commémorer la victoire, on donne son nom à cette pyramide (c’est tout à fait logique). Car le Austerlitz Hollandais n’est que le village fondé par un des frères de Napoléon à l’emplacement du camp de soldats de Marmont qui s’entraînaient pour envahir l’Angleterre. Vous suivez?
Après ses considérations historiques (comme quoi ce fut un voyage des plus culturels), on reprend la route. Mon idée est de rallier Arnhem – la ville au centre d’une des batailles de la Seconde Guerre Mondiale, « Market Garden » qui devint plus tard le film « Un Pont trop Loin » qui fut un échec cuisant pour les Alliés et qui retarda la fin de la guerre de plusieurs mois). On traverse des sous bois, on roule à bon rythme. Je note surtout que Julian possède un vélo bien moins lourd que moi, de sorte qu’il se retrouve parfois loin devant, là où moi une simple côte suffit à me faire perdre plusieurs mètres – mais ce n’est pas une course.
Au détour d’une route, spectacle étrange. Une voiture dans un fossé, un homme au téléphone, la mère et les deux enfants à côté. L’accident est tout récent de l’ordre de quelques minutes. Il nous dit que tout va bien, on continu la route. On va faire une pause à Veenandaal, juste après la première vraie petite colline de Hollande. Ensuite, toujours en suivant les indications GPS de Julian, on roule à travers bois, le sentier est étroit mais c’est assez agréable toute cette forêt autour de nous.
Un peu plus tard, on s’arrête à Ede. La route devient de plus en plus pentue par endroit. Je goûte des poffertjes, sorte de pancake locaux. Juste à côté de ce restaurant, un tank de la 2eme GM.
Plus on se rapproche d’Arnhem, plus on croise des monuments commémoratifs de la bataille « Market Garden ». La campagne en est constellée. De petits monticules, des stèles, parfois une simple indication sur un panneau. Tous en rapport souvent avec les nombreux parachutistes largués dans les environs.
Parfois le GPS nous fait couper à travers bois, on se retrouve sur des pistes de terre mais c’est pas gênant avec ce genre de vélos. On croise quelques promeneurs, on a un très bon rythme, le paysage, la forêt est vraiment superbe.
On roule ainsi de longues minutes avant d’arriver à Arnhem. La ville a beaucoup souffert de la guerre, comme dit plus haut. Mais elle a de beaux restes. De beaux pavillons, une certaine douceur de vivre. On traverse le fameux pont. Les Hollandais l’ont d’ailleurs rebaptisé du nom du soldat qui commandait la garnison chargée de défendre le pont contre les nazis.
Le Pont s’appelle désormais « John Frost Bridge ». Tandis qu’on se repose, une femme s’approche de nous et nous parle. Elle tient un discours des plus incohérent. Selon elle la guerre n’est pas finie, nous montre un immeuble qu’elle n’aime pas, nous assure qu’elle est la fille d’un soldat américain avant de repartir aussitôt…. En repassant le pont dans l’autre sens et donc revenant dans le centre d’Arnhem on peut apercevoir des sculptures au pied du pont, symbolisant la résistance des soldats anglais, des ailes brisées.
On retraverse le pont donc. Mon panneau à l’arrière de mon vélo commence à montrer des signes de fatigues. Je suis un peu superstitieux là dessus, je fais attention à ce le panneau soit toujours en état, il m’accompagne depuis le début. J’en suis à mon troisième carton depuis le départ.
On aborde une première côte, assez sévère. Je vois partir Julian loin devant. On s’aventure dans un parc naturel, superbe: le parc du Veluwezoom. Magnifique région, une des plus belles traversées depuis le début.
Le parc est vraiment superbe, plusieurs fois on va mettre pieds à terre pour prendre quantité de photos et profiter du paysage, du silence qu’il y règne. La route est pas mal, c’est une longue dalle de béton. Julian a repéré un camping à proximité, à Olburgen, un petit village. Pour s’y rendre, il nous faut prendre un petit bac.
On arrive au village. Il semble y avoir comme une ambiance de fête, mais les manèges sont arrêtés et le village curieusement vide. Plus loin sur la route on aperçoit comme une sorte de char de fête. Des gens dessus, avec des instruments, jouent tandis que le char avance lentement dans la campagne… Le camping est bien caché derrière une très haute haie. Mais à première vue, il l’air pas mal. On a surtout remarqué le panneau « PISCINE ». Il y a aussi un petit port de plaisance.
On installe nos affaires puis on va se plonger dans la piscine et après une telle journée, c’est un vrai bonheur, un luxe quasiment, le salaire pour tous ces coups de pédales et de kilomètres. Puis on va grignoter un peu au restaurant du camping. Dans la soirée on sympathise avec d’autres clients du camping, des cyclotouristes comme nous. Un couple d’Allemands et leur deux enfants. Tout ce qu’il y a de plus classique. A ceci près que le plus jeune enfant est handicapé, souffrant de gros retards, ayant du mal à être attentif. Les parents nous expliquent qu’ils l’ont malgré tout entraîné à faire du vélo depuis plusieurs années et l’enfant s’en sort plutôt bien, capable de faire au moins 30km par jour, faisant de grands progrès chaque jour. Même si sa soeur est obligé de veiller sur lui à tout moment, ça reste un beau message d’espoir. Et demain on passe en Allemagne.
Laisser un commentaire